Sommaire
- Contexte international en 2023 : un ralentissement de la croissance mondiale.
- Élaboration des comptes définitifs 2022 : Légère révision à la baisse du taux de croissance de l’année 2022
- Situation économique nationale de 2023 : une légère accélération de la croissance
- Graphique 01 : Contributions des secteurs d’activités à la croissance (en point de croissance)
- Du côté de l’offre
- Du côté de la demande
- Graphique 02 : Contributions des emplois au PIB (en point de croissance)
- Élaboration des comptes nationaux provisoires 2023 : Quelques hypothèses de travail
Contexte international en 2023 : un ralentissement de la croissance mondiale.
L’économie mondiale enregistre une croissance modérée de 3,3% en 2023, après le ralentissement de 2,6% observé en 2022. Cette évolution reflète la résistance des économies dans un contexte mondial marqué par des conditions de financement restrictives et des fortes incertitudes géopolitiques. Cette résistance est principalement portée par les États-Unis et les économies émergentes.
Parmi les économies avancées (1,6% après 2,6% en 2022), la croissance est plus robuste aux Etats-Unis (2,5% après 1,9%) et au Japon (1,9% après 1,0%), tandis que la plupart des autres économies ralentissent, particulièrement en zone euro (0,5% en 3,4%),: Allemagne (-0,2% après 1,8%), France (1,1% après 2,6%), Italie (0,9% après
4,0%), Espagne (2,5% après 5,8%), Royaume-Uni (0,1% après 4,3%) et Canada (1,2% après 3,8%).
Les économies émergentes et en développement résistent à 4,3% après 4,1% en 2022. Cette croissance est soutenue par l’évolution de l’activité en Chine (5,2% après 3,0%), en Russie (3,6% contre -2,1%) et en Inde (7,8% après 7,2%). Toutefois, un ralentissement est observé au Mexique (3,2% après 3,9%) pendant que la croissance économique au Brésil (2,9% après 2,9%) reste la même.
En Afrique subsaharienne le ralentissement est modéré (3,8% après 4,0% en 2022). Le Nigeria enregistre 2,9% après 3,3% et l’Afrique du Sud 0,6% après 1,9% en 2022. Malgré un contexte mondial favorable, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a enregistré une croissance économique de 2,8% en 2023, inférieure à 3,4% enregistrés en 2022.
Élaboration des comptes définitifs 2022 : Légère révision à la baisse du taux de croissance de l’année 2022
Le PIB définitif de l’année 2022 affiche un taux de croissance de 2,5%, légèrement plus bas que l’estimation provisoire de 2,7% diffusée en février 2024. La révision à la baisse du taux de croissance du PIB 2022 s’explique principalement par la prise en compte des données de l’agriculture publiées par la FAO, la mise à jour des données du commerce extérieur, du tableau des opérations financières de l’Etat et l’utilisation des versions définitives des liasses fiscales des entreprises disponible à la direction générale des impôts. La prise en compte des données définitives, révise l’estimation de la croissance des activités de fabrication des produits alimentaires (2,2% contre 0,6%), des activités de l’administration publique (1,6% contre 0,7%), de l’enseignement (7,5% contre 7,0%), ainsi que les activités de santé (12,9% contre 9,3%). L’intégration des données de la FAO sur la production agricole révise à la baisse la croissance des activités agricoles de (2,7% à 0,5%).
Situation économique nationale de 2023 : une légère accélération de la croissance
L’activité économique nationale s’accélère à 3,1 % en 2023, après 2,5 % en 2022. Le secteur tertiaire continue de soutenir la croissance, avec une contribution de 1,6 point. Cette accélération est principalement le fait des secteurs primaire (0,7 après 0,5 point en 2022) et secondaire (0,4 point après 0,3 point).
Graphique 01 : Contributions des secteurs d’activités à la croissance (en point de croissance)
Du côté de l’offre
….Depuis 2021, la croissance économique est portée par le secteur tertiaire. La contribution moyenne à la croissance économique sur la période est de 1,4 point de croissance.
… regain de la croissance dans le secteur primaire
Malgré les initiatives et projets agricoles en cours, ce secteur ne parvient toujours pas à répondre à la demande croissante.
Le secteur primaire a connu un regain de son dynamisme en 2023, affichant un taux de croissance de 2,1%, après 1,4% en 2022. Cette performance est principalement attribuable à la hausse des activités agricoles (1,8 % après 0,5%). Ce regain de la croissance du secteur primaire reflète une amélioration des conditions agricoles et des initiatives gouvernementales efficaces, mais nécessite des efforts continus pour renforcer la résilience climatique et l’accès au financement. L’agriculture comorienne demeure fragmentée, avec une croissance moyenne de 0,7 %, sur la période 2018 – 2023, inférieure à la croissance annuelle de la population comorienne de 2,0 %. Malgré les initiatives et projets agricoles en cours, ce secteur ne parvient toujours pas à répondre à la demande croissante.
… accélération de la croissance dans le secteur secondaire
Portée par les activités de la fabrication de produits alimentaires et les activités de constructions, la croissance économique du secteur secondaire s’accélère à 4% en 2023 après 3,5% en 2022.
Les activités de fabrication des produits alimentaires ont contribué à hauteur de 2 points à la croissance du secteur secondaire, avec une accélération de la croissance économique de cette branche à 4,3 % en 2023, contre 2,2 % en 2022.
Après les perturbations causées par la crise de la COVID-19 et la guerre en Ukraine, l’année 2023 marque une reprise significative de l’activité économique nationale. Cette reprise est soutenue par l’ouverture de nouvelles boulangeries et l’accompagnement des petites et nouvelles entreprises locales, notamment à travers des initiatives comme le Pacte National pour l’Alimentation et l’Agriculture des Comores, qui vise à réduire les importations de produits alimentaires de 75 % à 50 % entre 2023 et 2028.
En ce qui concerne le secteur de la construction, bien que sa contribution à la croissance du secteur secondaire soit restée stable par rapport à 2022 (1 point de pourcentage), l’activité a connu une accélération notable, passant de 4,7 % en 2022 à 8,0 % en 2023. Cette dynamique est attribuable à la mise en œuvre de grands projets tels que la construction en cours de l’hôpital national d’Elmaanrouf, la construction des routes à Mohéli et à Anjouan, ainsi que la rénovation de l’hôtel Galawa.
… un léger repli de la croissance dans le secteur tertiaire
La croissance économique du secteur tertiaire s’est établie à 3,1 % en 2023, légèrement en baisse par rapport à 3,2 % en 2022. Sa contribution au PIB en 2023 est de 1,6 point de pourcentage, maintenant ainsi un rythme similaire à celui de l’année précédente. Ce léger recul est attribuable à la décélération de la croissance dans les secteurs du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration.
Les activités de commerce ont contribué au secteur tertiaire à hauteur de 0,6 point de pourcentage en 2023, contre 0,9 point de pourcentage en 2022, avec un taux de croissance de 3,3 % après 5,1 % en 2022. Cette baisse s’explique par une diminution des importations de biens et services (-0,4 % après 11,9 % en 2022).
La croissance du secteur tertiaire est soutenue par la dynamique observée dans les branches de l’information et de la communication (4,0 % après -0,5 % en 2022) ainsi que dans les activités financières et d’assurance (5,6 % après 0,8 %). La vigueur des activités financières s’explique par l’augmentation des crédits et des dépôts intérieurs.
Du côté de la demande
…… La croissance économique a été tirée par la consommation finale
Les dépenses de consommation finale progressent de 4,3% en 2023 après 2,2% en 2022. Cette accélération est principalement le fait de la consommation finale des ménages, qui augmente de 4,1% en 2023 après de 2,1% en 2022, soutenue par d’importants transferts de fonds de la diaspora.
La consommation finale constitue le moteur principal de la croissance en 2023 en contribuant de 4,8 points de pourcentage. La consommation finale des ménages et celle des administrations publiques aux Comores ont augmenté respectivement de 4,3% et de 4,6% en 2023, contribuant à la croissance économique du pays. Cette dynamique s’explique par les dépenses de l’Etat qui passent de 63 907 millions en 2022 à 65 197 millions de francs comoriens en 2023. Ainsi la vigueur des transferts de fonds de la diaspora, qui représentent environ 25% du PIB et qui soutiennent le pouvoir d’achat des ménages. Toutefois, ces facteurs ont été atténués par la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, qui a entraîné une inflation de 8,6% en 2023, réduisant le revenu réel des agents économiques.
… la hausse des investissements
La formation brute de capitale fixe a vu sa croissance à la hausse en 2023 pour s’établir à 3,2% après -1,1% en 2022 et contribuant à la croissance à hauteur de 0,4 point de pourcentage, ceci en lien avec la hausse des importations des matériels des constructions et des équipements.
… baisse des importations et hausse des exportations
Les importations de biens et services en 2023 ont diminué en volume de 44% après 12% en 2022. Les exportations de biens et services ont enregistré une croissance en volume de 30% en 2023 après -17% en 2022. Les exportations nettes de biens et services contribuent négativement à la croissance à hauteur de -2,2 point de pourcentage après 3,0 points de pourcentage en 2022.
Graphique 02 : Contributions des emplois au PIB (en point de croissance)
Élaboration des comptes nationaux provisoires 2023 : Quelques hypothèses de travail
Les comptes nationaux provisoires (CNAP) de 2023 ont été élaborés dans un contexte marqué par l’absence de données sur l’agriculture vivrière. La FAO qui fournit habituellement ces estimations le fait avec un décalage temporel d’un an. Plusieurs indicateurs pertinents pour le suivi de la situation économique des Comores sont utilisés. Parmi ces indicateurs, les données sur la pluviométrie ont été utilisées pour affiner l'estimation de la valeur ajoutée du secteur agricole, qui représente une part importante du PIB. Le nombre d'immatriculations des bateaux de pêche a servi de proxy pour mesurer l'activité du secteur halieutique, qui contribue également à la sécurité alimentaire. Les statistiques sur les nuitées ont permis d'évaluer l'activité du secteur de l'hébergement, qui reflète le dynamisme du tourisme. L’indicateur composite utilisé pour surveiller le secteur de la construction lors de l’estimation du compte provisoire de 2022 a été conservé. Cet indicateur est une moyenne pondérée des importations et de la production de matériaux de construction en volume.